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Un aller simple pour Moscou

Un enfant saute dans un parc moscovite.

Moscou a bien changé au cours des deux décennies depuis la chute du communisme.

Photo : Radio-Canada / Alexeï Sergeïev

Quitter sa ville et ses amis pour aller travailler ailleurs n'est jamais simple. C'est encore plus vrai quand on part s'établir sur un autre continent, dans un pays où les gens s'expriment dans une autre langue et possèdent une culture différente. À peine arrivée à Moscou, la nouvelle correspondante de Radio-Canada en Russie raconte ses premières impressions et nous parle des défis qui l'attendent.

Il était à peine 8 h du matin, le 18 août dernier, quand ma petite est entrée dans la chambre à coucher que j’occupais à Montréal et m’a demandé de façon spontanée : « Pourquoi encore doit-on partir en Russie, maman? »

C’était le jour du grand départ, celui que nous préparions depuis des mois, en incluant l’attente des incontournables visas. Le jour auquel je pense tout bas depuis des années : partir à l’étranger et y exercer mon métier. Un honneur et un privilège pour moi.

« C’est pour découvrir la Russie et la raconter », ai-je répondu.

Je rassure les enfants depuis longtemps sur ce qui nous attend dans ce pays qui leur paraît intimidant. Avant de partir, ils savaient qu’on se méfie des étrangers et surtout des journalistes dans ce grand pays.

Et c’est sans compter la réaction de tous ceux que nous avons croisés sur notre chemin depuis le moment du départ.

Du comptoir d’enregistrement à l’aéroport Montréal-Trudeau jusqu’à la discussion avec cet agent de bord sur le vol Munich-Moscou, c’est un regard de pitié qu’on nous jette quand on leur dit : « Oui, oui, c’est un aller simple… pour toute la famille ».

Nous sommes finalement arrivés à Moscou au coucher du soleil. La chaleur m’attendait et le caméraman Alexei Sergeev était au rendez-vous, fidèle au poste depuis plus de 20 ans.

C’est un des avantages d’avoir un bureau de Radio Canada ouvert à Moscou depuis la chute de l’empire soviétique. Il y a une famille qui nous accueille ici quand on débarque avec nos préjugés, nos doutes et nos mille questions.

Une mémoire vivante et essentielle pour bien saisir le contexte dans lequel la Russie et son peuple évoluent constamment, pour le meilleur ou pour le pire.

Le décor

Les Moscovites se sont approprié les nouvelles rues piétonnes de la capitale.

Les Moscovites se sont approprié les nouvelles rues piétonnes de la capitale.

Photo : Radio-Canada / Tamara Alteresco

La ville que je découvre depuis mon arrivée n’est certes plus du tout celle qu’Alexei a racontée au fil du temps avec les correspondants du diffuseur public qui m’ont précédée.

Chacun d'entre eux, de Céline Galipeau à Raymond Saint-Pierre en passant par Michel Cormier, Alexandra Szacka et Jean-François Bélanger, a eu droit à une tranche d’histoire de cette mégalopole fascinante, méconnue et longtemps mal aimée.

Je dois vous avouer que j’ai de la chance sur le plan du confort et de l’ambiance. J’entame mon mandat alors que Moscou vient tout juste de se refaire une beauté. Une immense transformation esthétique amorcée il y a trois ans, et c’est loin d’être terminé.

La Coupe du monde de soccer est maintenant chose du passé, mais la ville bourdonne encore. Dans les quartiers que nous arpentons à la recherche d’un appartement, ces quartiers où les touristes ne mettent jamais les pieds, les travailleurs s’acharnent jour et nuit.

Les rues de Moscou sont remplies de vie tout comme ce parc du quartier Chistye Prudy.

Les rues de Moscou sont remplies de vie tout comme ce parc du quartier Chistye Prudy.

Photo : Radio-Canada / Tamara Alteresco

Des centaines de kilomètres de trottoirs ont été remplacés; ils sont larges et souvent fleuris.

Nous sommes loin de la cité grise et maussade qu’Hollywood dépeint encore dans ses films. Je pense ici à Red Sparrow, qui a pris l’affiche au printemps et qui mettait en vedette l’actrice américaine Jennifer Lawrence.

Les jeunes sont omniprésents dans les cafés, les bars et les restaurants. De nouvelles galeries d’art moderne se sont installées dans les usines désaffectées.

L’équivalent moscovite du Bixi, si cher à Montréal, fait fureur ici et le service de location de trottinettes électriques aussi.

La ville de Moscou a son réseau de vélos de type « Bixi » qui est très populaire, tout comme celui des  trottinettes électriques.

La ville de Moscou a son réseau de vélos de type «Bixi» qui est très populaire, tout comme celui des trottinettes électriques.

Photo : Radio-Canada / Tamara Alteresco

Le terme « embourgeoisement » a même fait son entrée dans le vocabulaire urbain. Hipsters et compagnie, les résidents de Moscou n’y échappent pas non plus.

Même que les nostalgiques de la simplicité font circuler des pétitions afin de demander un couvre-feu pour certains quartiers huppés de la capitale.

Joie de vivre

Moscou est moderne, propre et branchée, dans tous les sens du terme.

« Ça nous a ramené une certaine joie de vivre », me confie Alexei. C’est important et ce n’est pas anodin, dans un pays où nous ne savons jamais, jamais ce que l’avenir nous réserve.

Aujourd’hui, Moscou ne dort jamais.

Le nouveau parc Zaryadye de Moscou s’étend à l’est de la place Rouge sur les rives de la rivière Moskova.

Le nouveau parc Zaryadye de Moscou s’étend à l’est de la place Rouge sur les rives de la rivière Moskova.

Photo : Radio-Canada / Alexei Sergeev

Des couples participent à un cours de valse à minuit dans un quartier du centre de Moscou.

Des couples participent à un cours de valse à minuit dans un quartier du centre de Moscou.

Photo : Radio-Canada / Tamara Alteresco

Le plus bel exemple de cette joie de vivre, nous l'avons observé au nouveau parc Zaryadye, une des grandes fiertés de la Moscou rajeunie.

Il s’étend à l’est de la place Rouge, sur les rives de la rivière Moskova, là où trônait autrefois le célèbre et imposant hôtel Rossia et ses milliers de chambres.

Avec son amphithéâtre, ses écrans géants, ses jardins et son pont flottant qui surplombe la rivière, le parc Zaryadye est devenu le symbole du design urbain intelligent. Le parc offre une superbe vue sur le Kremlin et la place Rouge.

Ironiquement, c’est la firme américaine Diller Scofidio + Renfro, qui a dessiné le célèbre parc High Line de New York, qui en est l’architecte!

Le pont flottant du parc Zaryadye à Moscou attire les foules.

Le pont flottant du parc Zaryadye à Moscou attirer les foules.

Photo : Radio-Canada / Alexei Sergeev

Ville de contradictions

C’est jour d’élection municipale dimanche et la réélection du maire de Moscou, Sergueï Sobianine, est garantie, faute d’opposition.

Depuis mon arrivée, il y a trois semaines, je n’ai vu aucune affiche électorale. Aucun débat ni publicité n'est nécessaire. Son seul adversaire potentiel Alexeï Navalny a été arrêté une fois de plus, il y a deux semaines.

Au moment où des millions de Moscovites iront voter, il sera toujours en prison.

Le maire de Moscou Sergueï Sobianine discute avec le président russe Vladimir Poutine.

Le maire de Moscou Sergueï Sobianine discute avec le président russe Vladimir Poutine.

Photo : Reuters

La majorité des Moscovites vous diront de toute façon qu’il ne changerait rien au résultat du vote, puisque Sobianine est l'instigateur du nouveau visage de Moscou et qu'il promet d’autres projets d’envergure.

Pas facile de concilier la modernité de cette ville, qui a su rattraper à pas de géant le rythme des grandes capitales d’Europe, avec sa réalité politique en 2018, caractérisée notamment par la corruption et la répression de la dissidence.

C’est le défi de tout correspondant qui cherche à comprendre la Russie.

Sachez que mes premiers contacts avec les Russes ont été riches et chaleureux. C’est à travers leurs yeux et leurs ambitions que j’ai hâte de vous raconter la suite.

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