ArchivesAux origines du tarot de Marseille et de sa symbolique
L'arcane du Bateleur est la première carte du jeu de tarot de Marseille. « Femme d'aujourd'hui », 19 novembre 1980.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Trouvant son origine au Moyen-Âge, le jeu divinatoire du tarot de Marseille fascine par ses personnages et sa symbolique. Souvent associé aux diseuses de bonne aventure et aux tireuses de cartes, il a aussi intéressé philosophes et artistes, comme le rappellent nos archives.
Le tarot de Marseille, un monde de symboles
Le premier tarot connu date de la fin du 14e siècle. En 1392, un jeu de cartes est commandé pour le roi Charles VI.
Le tarot de Marseille est composé de 78 cartes : 22 arcanes majeurs et 56 arcanes mineurs.
Pour Georges Colleuil, professeur de philosophie et psychothérapeute, le but premier du tarot n’est pas de lire l’avenir, mais de s’intéresser au devenir de l’être humain.
C’est une symbolique universelle, car c’est un catalogue de mythes, et le mythe a ceci de particulier que même si on ne l’a jamais étudié, on le porte en soi. Il est quelque part inscrit dans notre mémoire la plus archaïque.
Les 22 arcanes majeurs représenteraient les 22 lettres de l’alphabet hébraïque. Des lettres qui ne sont pas que des sons, mais des univers à elles toutes seules
, affirme cet adepte de la signification des symboles.
À l’émission Second regard diffusée le 23 octobre 1994, Georges Colleuil explique le tarot de Marseille et sa symbolique religieuse.
Second regard, 23 octobre 1994
Le tarot représente un parcours initiatique, celui du personnage du bateleur, représenté par la première carte. Un peu à l’image du Petit Prince de Saint Exupéry, il rencontrera sur son chemin des personnages qui le guideront. Ces guides, représentés par les autres arcanes majeurs comme la papesse, l’impératrice, l’empereur et le pape, lui apprendront comment vivre sa vie.
Le tarot nous montre ce que l’on peut faire avec la souffrance et comment on peut la transmuter pour s’appuyer dessus et passer à un autre niveau de conscience en quelque sorte. […] Pour moi, le tarot est une image de soi, et le soi contient déjà la totalité du monde.
Redessiner le tarot de Marseille, une forme à la fois
En 1976, l’artiste graphiste Yves Paquin s’inspire du tarot de Marseille pour illustrer son Tarot idéographique du Kébèk. Des dessins exécutés uniquement à l’aide de compas et d’équerres à la manière des imagiers du Moyen-Âge et, ensuite, sérigraphiés.
L’artiste graphiste mettra plus de deux ans à réaliser son jeu. Il remportera avec son Tarot idéographique le Prix des graphistes à Paris en 1978.
À l’émission Femme d’aujourd’hui du 19 novembre 1980, Yves Paquin présente à la journaliste Minou Petrowski la technique particulière employée pour réaliser ses 22 arcanes majeurs.
Femme d’aujourd’hui, 19 novembre 1980
Toutes les cartes sont créées à partir d’une grille formée de cercles, de triangles, de croix et de carrés. La grille et ses formes géométriques permettent une parfaite symétrie entre les éléments.
Comme l’explique son créateur, dans le tarot de Marseille, nous devons retrouver une certaine homogénéité, une neutralité dans le style.
Yves Paquin mentionne que la carte qu’il préfère est la carte numéro 1, celle du bateleur, qui représente le commencement, le début. C’est la carte à laquelle il a consacré le plus de temps, soit 200 heures de travail. Le bateleur, c’est celui qui décide d’entreprendre une grande œuvre
, indique l’artiste.
Pour Yves Paquin, le tarot ne contient pas de carte négative, même lorsqu’il parle de l’arcane numéro 13, la mort. L'artiste rappelle qu’il nous faut toujours mourir pour renaître.
Le tarot est un moyen de mieux réfléchir sur les réponses que l’on possède, parce qu’en réalité nous connaissons déjà toutes les réponses.