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Mot de l’info | Écriture inclusive : l’approche nuancée de Radio-Canada

Une page de dictionnaire.

Radio-Canada annonce des changements à l'utilisation de certains pronoms.

Photo : Radio-Canada

Le travail des journalistes consiste à raconter notre monde qui change. Et notre principal outil pour ce faire, c’est la langue française, avec toute sa beauté et sa richesse.

Cette langue elle-même évolue, forcément, car les nouvelles réalités entraînent souvent la création de nouveaux mots. Nous serions bien en peine de décrire la révolution numérique si notre vocabulaire était resté figé au Moyen Âge!

Idem pour la révolution féministe, qui a mené, après bien des combats, à la féminisation des appellations d’emplois autrefois réservées aux hommes. Personne ne s’émeut de nos jours de l’élection d’une mairesse ou d’une première ministre.

Comme tous les médias, Radio-Canada reçoit régulièrement des demandes de la part de personnes qui souhaitent que nous utilisions une langue plus inclusive. En tant que diffuseur public, nous prenons ces demandes en considération, en tenant compte des principes et valeurs de nos Normes et pratiques journalistiques (NPJ).

Nos NPJ nous obligent, au nom de l’équité, à traiter les gens qui font l’objet de nos reportages avec ouverture et respect. Ces mêmes normes nous imposent aussi le devoir, au nom de l’exactitude, de manier la langue française de façon claire et compréhensible pour tout le monde.

Dans le cas de l’écriture inclusive, trouver une voie de passage n’est pas simple.

Plusieurs personnes s’identifiant comme trans ou non binaires souhaitent que l’on gomme les références au genre lorsqu’on s’adresse à… iels. Ce nouveau pronom, qui a fait son entrée dans les dictionnaires Le petit Robert et Antidote récemment, se veut une solution de rechange neutre aux pronoms il et elle. Iel est toutefois bien difficile à se mettre en bouche, car les accords des mots qui vont le suivre dans la phrase doivent se faire au féminin ou au masculin. « Iel est beau ou belle? »

Et iel n’est que la pointe de l’iceberg : tout un néo-vocabulaire non genré, parfois incompréhensible pour une bonne partie de la population, est en émergence.

Pour la guider dans ses réflexions, la Direction de l’information de Radio-Canada a mis sur pied il y a un an un groupe de travail formé de journalistes et de spécialistes de la langue française. Après plusieurs mois de recherches, de consultations et de débats, des lignes directrices simples, claires et cohérentes ont été adoptées, en vue d’une utilisation progressive et volontaire.

Au Canada, dans la population de 15 ans et plus, 100 000 personnes sont non binaires ou transgenres, selon le recensement de 2021 (Nouvelle fenêtre), soit une personne de 15 ans et plus sur 300. Les deux tiers d’entre elles ont entre 15 et 34 ans. Des personnalités publiques affichent désormais leur identité trans ou non binaire, comme on a pu le voir dans la course à la mairie d’Ottawa en octobre dernier. Les personnes non binaires ne s’identifient ni au genre masculin ni au genre féminin, tandis que les personnes trans s’identifient à un genre différent de leur sexe biologique à la naissance.

Des lignes directrices réfléchies et pragmatiques

Pour que la langue utilisée à Radio-Canada reflète mieux la société actuelle, il est possible d’utiliser des techniques d’écriture inclusive éprouvées depuis longtemps, soit :

  • l’écriture épicène, ou le recours à des mots qui ont la même forme au masculin et au féminin (« des adeptes de la course à pied » plutôt que « des amateurs de course à pied » par exemple);

  • l’usage de noms collectifs (« le personnel de la santé » plutôt que « les travailleurs de la santé », ou « l’armée » plutôt que « les soldats ») ;

  • la reformulation de phrases (« Avez-vous la citoyenneté canadienne? » plutôt que « Êtes-vous citoyen canadien? »).

Aussi, pour que l’écriture soit véritablement inclusive, nous éviterons désormais l’emploi de doublets abrégés (par exemple : étudiant.e.s). Ces contorsions typographiques se répandent hélas aujourd’hui dans divers types de communications, au détriment des nombreuses personnes éprouvant des difficultés de lecture et des principes d’accessibilité universelle. Le recours aux doublets complets (les électeurs et les électrices) demeure une option, à utiliser avec modération, vu la lourdeur qu’ils peuvent créer.

Enfin, il sera dorénavant possible, par respect pour les personnes interviewées, d’utiliser le pronom iel dans nos reportages si une personne non binaire en fait la demande. Par souci de compréhension, un encadré explicatif ou une explication orale en accompagnera l’utilisation. Et toujours par souci d’être compris, nous ne permettrons pas l’emploi d’autres néologismes non binaires qui ne figurent pas dans les dictionnaires, comme froeur, tancle, toustes.

Nous croyons que ces lignes directrices sur l’écriture inclusive permettront de mieux affûter la langue utilisée à Radio-Canada, en tout respect à la fois des personnes concernées et du grand public qui compte sur nous pour continuer à l’informer en toute clarté.

Luce Julien est directrice générale de l’Information de Radio-Canada

Charles Grandmont est directeur de l’Information en continu et des opérations numériques de Radio-Canada

Vous voulez en apprendre davantage sur le travail des journalistes de Radio-Canada, les normes qui nous guident et le fonctionnement des médias d’information en général? Consultez notre section Les coulisses de l'info.

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