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Denise Bombardier n’est plus

Denise Bombardier.

Denise Bombardier à l'émission Tout le monde en parle, en octobre 2018.

Photo : Radio-Canada / Karine Dufour

Radio-Canada

Elle se disait accro à la controverse et à la polémique. Journaliste, essayiste, auteure, animatrice, Denise Bombardier disait tout haut ce que d'autres pensaient tout bas. Elle a vécu à l'instar du titre de son autobiographie, Une vie sans peur et sans regret. Mais pas sans panache. Mme Bombardier est décédée mardi matin à l'âge de 82 ans des suites d'un cancer fulgurant, entourée de ses proches à la Maison de soins palliatifs Saint-Raphaël, à Montréal.

Elle est née en pleines guerres. La Deuxième, mondiale, et celle qui déchirait son foyer, où, disait-elle, son père cruel et méchant ne l’appelait même pas par son prénom.

De quoi être mortellement atteinte. Pas elle. Lorsqu’on lui demandait si elle se trouvait hors norme, elle répondait oui. Oui, parce qu’autrement, elle n’aurait pas survécu à cette maison de fous sur l'avenue De Gaspé, dans le même quartier que celui où avait vécu René Angélil, soulignait-elle.

Un peu comme Michel Tremblay, c’est sa mère, ses tantes et sa grand-mère qui ont permis à la jeune Denise de prendre sa vie à pleines mains.

À trois ans, sa mère l’inscrit au célèbre cours de diction de Mme Audet, rue Saint-Hubert, celle qui a formé tant de comédiens et de comédiennes.

Denise est recrutée à Radio-Canada à seulement 12 ans pour faire des entrevues dans une émission pour enfants. C’est d’ailleurs là, racontera-t-elle plus tard, qu’un réalisateur la coincera dans un coin. Ce souvenir ressortira de l'ombre chaque fois qu’il lui faudra dénoncer un abuseur, comme elle l'a fait à l'émission de Bernard Pivot, Apostrophes, en 1990. Elle s'en était alors prise à l’écrivain Gabriel Matzneff, qui se vantait de ses aventures avec des mineures.

L'émission Les ondes enfantines en 1955. Sur cette photo, de gauche à droite, Denise Bombardier, Yvonne Audet (Mme Jean-Louis Audet), deux jeunes élèves de Mme Audet et Roger de Vaudreuil, réalisateur.

L'émission Les ondes enfantines en 1955. Sur cette photo, de gauche à droite, Denise Bombardier, Yvonne Audet (Mme Jean-Louis Audet), deux jeunes élèves de Mme Audet et Roger de Vaudreuil, réalisateur.

Photo : Radio-Canada

Dans le vieil hôtel Ford de Montréal, où se trouvaient les studios de Radio-Canada dans les années 1950 et 1960, la jeune Denise aiguise ses talents d'intervieweuse et de comédienne dans certains téléromans.

Ses cachets contribuent à lui payer des études, le cours classique et puis un baccalauréat ès arts, en 1964, un baccalauréat en sciences politiques, en 1968, une maîtrise en sciences politiques de l'Université de Montréal, en 1971, et un doctorat en sociologie de la Sorbonne, en 1974.

Elle passera une grande partie de sa vie professionnelle, plus de 30 ans, à Radio-Canada à titre de recherchiste, de journaliste et d'animatrice.

C’est à l’animation de Noir sur blanc, de 1979 à 1983, qu'elle imprime son style.

Elle est la première femme à animer une émission télévisée d'affaires publiques.

Denise Bombardier anime Noir sur blanc et reçoit le maire Jean Drapeau en 1981.

Denise Bombardier anime Noir sur blanc et reçoit le maire Jean Drapeau en 1981.

Photo : Radio-Canada

Son plateau voit défiler les premiers ministres Pierre Elliott Trudeau et René Lévesque, l’écrivaine française Benoîte Groult (dont elle deviendra une fidèle amie), Georges Simenon, la première ministre d’Israël Golda Meir, le président français Valéry Giscard d’Estaing et son successeur François Mitterrand.

Denise Bombardier mène des entrevues fouillées, sans complaisance.

Elle anime Le Point avec Simon Durivage dans les années 1980. En 1992, on lui confie Raison Passion. En 1998, elle entreprend la série d’entretiens Au-delà des apparences et, en 1999, toujours sous forme d'entretiens, elle anime Les Idées lumière.

Denise Bombardier et Simon Durivage animateurs de l'émission Le Point en 1983.

Denise Bombardier et Simon Durivage animateurs de l'émission Le Point en 1983.

Photo : Radio-Canada

Lorsqu'elle quitte la société d'État, elle se tourne davantage vers l'écriture. Elle écrira une vingtaine de romans et d’essais, certains autobiographiques comme son premier opus, Une enfance à l’eau bénite. Elle a également été chroniqueuse au Journal de Montréal pendant plusieurs années. Son premier essai, paru en 1975, s'intitule La Voix de la France.

Dans la veine de la provocation, l'auteure publiera en 2000 Lettre ouverte aux Français qui se croient le nombril du monde.

En octobre 2011, Denise Bombardier coécrit avec la journaliste française Françoise Laborde Ne vous taisez plus! à la suite de l'affaire Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du Fonds monétaire international, à New York.

Dans un autre registre, Denise Bombardier publiera L'énigmatique Céline Dion après l'avoir suivie en tournée pendant un an en 2009. Elle a aussi écrit une chanson pour elle, La Diva, en 2007.

Une vie sans peur et sans regret, son autobiographie publiée en 2018, résume bien non seulement la femme, mais aussi la grande amoureuse.

Les hommes, de son propre aveu, étaient une grande affaire dans sa vie. Elle a écrit plus d’un livre à ce sujet.

Denise Bombardier et son mari James Jackson posent devant un champ.

Denise au pays des francos.

Photo : Manito Media

Les chapitres les plus connus sont ceux de Claude Sylvestre, avec qui elle a eu un fils, Guillaume (et une petite-fille, Rose). Son aventure passionnelle et tapageuse avec l’ancien premier ministre Lucien Bouchard, alors ambassadeur à Paris, a elle aussi fait la manchette. Et son deuxième époux, James Jackson, historien, lui a inspiré le roman L’Anglais, peut-être ses plus belles lignes.

L’auteure, journaliste, animatrice, productrice et essayiste ne faisait pas l’unanimité. Elle disait elle-même être accro à la controverse et à la polémique. Plusieurs l’aimaient, d’autres la détestaient, selon ses prises de position qui méritaient toujours que l’on s’y attarde, ne serait-ce que pour les contester.

Sous les ors de l’Élysée en 1993, alors qu’on lui décernait le titre de chevalière de la Légion d’honneur, Denise Bombardier mesurait la distance qu’elle avait parcourue depuis l'avenue De Gaspé jusqu'à la rue du Faubourg-Saint-Honoré, où l’attendait le président Mitterrand. Elle s’était fait un nom. Elle recevra le titre de chevalière de l'Ordre du Québec en 2000.

Promue au rang d'officier de la Légion d’honneur en 2009, elle reçoit l’année suivante le prix Reconnaissance-Francophonie du gouvernement du Québec pour sa contribution à la langue française et à la culture québécoise sur la scène internationale.

Et c’est sans doute ce legs qui fera l’unanimité au Québec.

Sources : L'Encyclopédie canadienne, La Presse, Le Devoir, Le Journal de Montréal et le gouvernement du Québec

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