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Mot de l’info | Google et Facebook vont trop loin avec leurs menaces

En annonçant qu'ils bloqueront l’accès à vos nouvelles, Google et Meta s’attaquent à la pluralité des voix.

Le logo de Meta, maison mère de Facebook, d'Instagram et de Whatsapp, devant celui de Google.

Google et Meta menacent de bloquer l'accès aux nouvelles pour les utilisateurs canadiens de leurs plateformes.

Photo : Reuters / Dado Ruvic

Imaginez qu’une catastrophe majeure s’abatte sur le Canada, comme des feux de forêt ravageurs ou une tempête de pluie verglaçante dévastatrice. Vous voulez savoir ce qui se passe, pour votre propre sécurité et celle de vos proches. Vous allez spontanément sur Google ou Facebook pour vous informer et vous ne trouvez… absolument rien provenant de vos médias locaux, régionaux ou nationaux.

Ce scénario se concrétisera d’ici quelques mois si Google et Meta, la société mère de Facebook et Instagram, mettent leurs menaces à exécution, en réaction à une nouvelle loi canadienne, la Loi sur les nouvelles en ligne (aussi appelée C-18), qui leur demande de contribuer davantage au financement des entreprises de presse du pays.

Je vous invite d’ailleurs dès maintenant à changer vos habitudes de consultation de nouvelles et à aller directement sur les sites et les applications de vos médias préférés plutôt que d’utiliser l’intermédiaire des réseaux sociaux. Meta a déjà commencé à bloquer l’accès aux nouvelles, dont celles de Radio-Canada, à des dizaines de milliers d’utilisateurs de Facebook et Instagram dans la cadre d’un test dans lequel ils ont été enrôlés sans leur consentement. Google avait fait de même en février dernier.

Du contexte maintenant. Google a annoncé le 29 juin qu’il va supprimer les liens d’accès aux nouvelles canadiennes pour l'ensemble des citoyens du pays en décembre prochain. Meta faisait savoir une semaine plus tôt que les utilisateurs canadiens de Facebook et Instagram perdraient eux aussi l’accès aux contenus produits par les médias canadiens d’ici la fin de l’année.

Bras de fer entre les géants du web et Ottawa

Consulter le dossier complet

Deux mains se touchent.

Tout cela en raison de la loi C-18 adoptée le 21 juin par le Parlement fédéral pour obliger Google et Meta à conclure d’ici six mois des ententes d'indemnisation financière équitables avec les médias canadiens.

Rappelons que Meta et Google sont des intermédiaires entre le public et les médias. Ce sont des plateformes, des outils technologiques, qui permettent aux citoyens d'accéder à l’information publiée par les journalistes de salles de rédaction canadiennes.

Google et Meta ne créent pas de nouvelles. Ils se nourrissent et s’enrichissent grâce aux contenus produits par d’autres, servis à leurs utilisateurs par leurs puissants et opaques algorithmes.

Près de 30 % des Canadiens utilisent Facebook pour s’informer, selon le plus récent Digital News Report (en anglais (Nouvelle fenêtre)), et une proportion équivalente de Canadiens utilisent des moteurs de recherche comme Google pour accéder aux nouvelles.

Un déséquilibre inquiétant

Ces innovations technologiques ont transformé en profondeur nos vies et nos sociétés, de même que les rapports de force économiques. Meta a réalisé un chiffre d’affaires de 118 milliards de dollars américains (156 milliards $ CA) en 2021. Google a affiché des revenus publicitaires de 209 milliards de dollars américains (276 milliards $ CA) la même année.

Les géants du web accaparent maintenant près de 60 % des revenus publicitaires au Québec, soit le triple d’il y a à peine 10 ans, rappelle le Centre d’études des médias dans son plus récent rapport (Nouvelle fenêtre).

Pendant ce temps, la part qui va aux médias traditionnels a chuté de presque la moitié, des centaines de médias ont fermé boutique (Nouvelle fenêtre) et des milliers d’artisans de l’information ont perdu leur emploi. Au bout du compte, ceux qui en souffrent le plus, ce sont les citoyens qui, de moins en moins, ont accès à des sources d’information fiables.

Si Meta et Google maintiennent leur décision, la situation va empirer de façon extrêmement inquiétante. Nous avons plus que jamais besoin d’avoir accès à des médias rigoureux pour nous informer et comprendre les enjeux de notre tumultueuse époque.

S’attaquer à la pluralité des voix et des points de vue comme le font Google et Facebook, c’est s’attaquer à notre capacité de faire des choix éclairés concernant notre vie démocratique, notre santé et notre sécurité.

Google et Meta doivent abandonner leur menace de bloquer l’accès aux nouvelles produites par les médias canadiens.

Et surtout, je vous invite à puiser votre information directement auprès des sites d’information des médias canadiens, à télécharger leurs applications et à vous abonner à leurs infolettres. C’est la meilleure façon de préserver votre accès à des sources d'information professionnelles et crédibles.

Luce Julien est directrice générale de l’Information de Radio-Canada

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