Une journée sans Meta
Les deux organisations souhaitent dénoncer le blocage des nouvelles sur les plateformes de Meta au Canada.
Photo : Radio-Canada / Daniel Thomas
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et la Société québécoise des professionnels en relations publiques (SQPRP) appellent la population à se passer de Meta pendant 24 heures en évitant de consulter les plateformes de ce géant du Web et d'y publier quoi que ce soit vendredi à l'occasion de la Journée internationale de la démocratie.
La FPJQ et la SQPRP entendent dénoncer le blocage des nouvelles sur les plateformes de Meta, soit Instagram et Facebook, au Canada. Elles invitent la population à consulter directement les sites web des médias et à s'abonner à l'un d'entre eux ou à l'infolettre de celui-ci.
Cette initiative semble recevoir l’adhésion de plusieurs organisations et acteurs politiques, notamment les maires et mairesse de Laval, Longueuil et Québec. Québecor et l'Union des artistes soutiennent également la journée sans Meta.
Depuis quelques semaines, il n'est plus possible de partager ou de consulter du contenu journalistique sur les plateformes de Meta au Canada. C'est ainsi que cette entreprise américaine a décidé de riposter à l'adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne, la loi C-18, qui l'obligera à compenser les médias pour le partage de leurs contenus.
Pour la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), qui adhère à l'initiative « #journéesansmeta », c’est une question de santé démocratique.
En entrevue à Tout un matin, son président, Michel Leblanc, a carrément appelé au boycottage et a fait le lien avec la Journée internationale de la démocratie. Boycottez Facebook, a-t-il dit, faites autre chose aujourd’hui. Si jamais vous vous apercevez que ça se passe bien, continuez les prochains jours.
On pense, nous, que Meta va faire marche arrière comme en Australie.
M. Leblanc ne pense pas que ce soit seulement un geste symbolique. On pense que c’est une vraie initiative qui peut porter fruit
, a-t-il insisté.
Les grandes entreprises comme Meta et Google obtiennent 80 % des revenus publicitaires numériques au Canada.
Photo : Radio-Canada / DANIEL THOMAS
Jean-Hugues Roy, professeur de journalisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), se veut plus modéré en rappelant que les entreprises qui font de l’argent aujourd’hui grâce à l’information, ce n’est plus Québecor, ce n’est plus Postmédia, ce n’est plus les entreprises de presse comme au 20e siècle
.
Invité à l'émission Midi info, il a expliqué qu'aujourd’hui, l’argent se trouve dans les poches et dans les coffres de Meta et de Google. C-18, a-t-il ajouté, veut juste aller en chercher un petit peu pour financer l’information, qui en a grand besoin.
M. Roy, pense que Meta veut faire du Canada un exemple.
On veut montrer qu’on n’acceptera pas que d’autres pays fassent la même chose.
Il s’agit d’une lutte épique entre des géants du web, des entreprises multinationales du numérique qui sont plus grandes que les États et les États eux-mêmes qui cherchent à les réglementer. Mais pour l’instant, c’est Meta qui semble tenir le haut du pavé
.
Selon la FPJQ, les grandes entreprises comme Meta et Google obtiennent 80 % des revenus publicitaires numériques au Canada, contribuant ainsi à la crise des médias en diminuant leurs sources de revenus.
Citant une analyse de l'Université du Québec à Montréal, le président de la FPJQ, Michaël Nguyen, a indiqué que le partage des nouvelles canadiennes sur Facebook a engendré des revenus de 193 millions de dollars au réseau social en 2021, alors que le gouvernement fédéral a déterminé que Meta devrait verser 62 millions de dollars annuellement aux médias canadiens.
À lire aussi :
Avec les informations de La Presse canadienne