Dans l’œil d’Ivanoh : décliner une histoire sous tous ses angles
Photojournaliste depuis plus de 20 ans, Ivanoh Demers nous livre ses coups de cœur parmi les images qui ont marqué l’actualité cette semaine. Survol des photos qui ont retenu son attention.
Des migrants traversent la frontière entre les États-Unis et le Mexique à Eagle Pass, au Texas.
Photo : AFP / Andrew Caballero-Reynolds
Une grande qualité, en photojournalisme, c’est de savoir raconter et émouvoir avec ses images.
Cette semaine, le photographe Andrew Caballero-Reynolds a parfaitement réussi son mandat d’illustrer des migrants tentant de traverser la rivière Rio Grande à la frontière du Mexique et des États-Unis.
En demeurant sensiblement au même endroit, le photographe a réussi à créer des images complètement différentes, et ce, grâce aux outils à sa disposition.
La première image, réalisée au téléobjectif, est forte. Ayant laissé son fauteuil roulant sur la rive, Maria Argentina, 32 ans, du Honduras, est transportée par des proches de l’autre côté du fleuve Rio Grande.
Puis, en alternant du téléobjectif à un objectif grand-angle, le photographe a su capter l’émotion en étant très proche de Maria. Que ce soit la réunion avec sa fille ou le transport avec les autorités frontalières, les images sont déchirantes.
Le récit de Maria est décliné en plusieurs valeurs de plans. Cette variation ajoute du rythme dans son récit. Mais, surtout, en définissant Maria comme son personnage principal, il humanise l’histoire. Un atout inestimable.
Le drone, un outil indispensable
En ajoutant le drone à son arsenal, le photographe rend son reportage encore plus fort. Le drone permet une vue d’ensemble qui, auparavant, était techniquement très difficile, voire impossible à réaliser.
La première image nous fait comprendre la proximité entre la patrouille des agents frontaliers américains et les migrants qui tentent de passer. Une image inédite qui est plus que pertinente.
Les deux images qui suivent nous montrent les obstacles physiques que doivent franchir les migrants. Grâce au drone, notre attention est maintenue en proposant deux angles informatifs et complètement différents. Des images un peu plus distantes, mais tout aussi parlantes.
La sélection finale de nos images doit toujours comporter plusieurs points de vue. Cette diversité permet de susciter un intérêt constant et, par défaut, convainc le public de rester avec nous jusqu'à la fin…
Mon clin d’œil de la semaine
Une veillée à la chandelle a eu lieu jeudi soir en l’honneur de Joyce Echaquan à Joliette.
Photo : Ivanoh Demers
C'était l'anniversaire cette semaine du décès tragique de Joyce Echaquan à l'hôpital de Joliette. Une veillée à la chandelle était prévue avec les membres de la communauté atikamekw et la famille de Joyce Echaquan.
Mais, à ma surprise, sa famille proche n’était pas présente pour la cérémonie. J’ai donc choisi de faire une image plus générique, qui illustre bien l’ambiance sur place.
Lors d’une minute de silence honorant la défunte, j’ai remarqué une femme qui tenait une chandelle vers le ciel. J’avais mon sujet!
En faisant la mise au point sur la chandelle en ouverture F2,8, j’ai décidé de faire un effet bokeh. Il s'agit d'une technique de photographie qui, grâce à un objectif lumineux, permet d’obtenir un effet flou esthétique sur vos images.
Finalement, 315 images plus tard, j’ai trouvé la position de la main – bien centrée – et l’arrière-plan satisfaisant.
Il a fallu 315 photos pour arriver à réaliser la bonne image de cette chandelle avec l'effet bokeh.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
