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Patrick White ne sera plus à la direction du programme de journalisme de l’UQAM

Patrick White au micro d'ICI Première.

Durant sa carrière de journaliste, Patrick White a travaillé pour La Presse Canadienne, le Huffington Post et à l'agence Reuters, entre autres.

Photo : Radio-Canada / Maya Arseneau

Dans la foulée de révélations publiées d’abord par le journal étudiant Montréal Campus, Patrick White, le responsable du programme de journalisme de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), n’occupera plus ce poste.

Son blogue Patwhite.com publiait des articles contenant des liens publicitaires douteux, allant de casinos illégaux en ligne à un site d’escortes, en passant par un service de tricherie pour des devoirs.

C’est le professeur de journalisme de la même université, Jean-Hugues Roy, qui a fait la trouvaille, lui qui a l’habitude depuis quelques années de chercher des données sur les contenus journalistiques qui circulent sur les réseaux sociaux.

Je savais que Patrick avait ce blogue d’informations culturelles à Montréal. Et j’ai remarqué en bas de page une section "contenus de marque". Je suis allé voir, et j’ai vu la nature des produits, des services annoncés par Patrick, page après page. J’en ai dénombré des centaines, a raconté Jean-Hugues Roy au micro d’Alec Castonguay à Midi info.

J’en ai trouvé des dizaines pour des casinos en ligne. J’ai trouvé un cas d’un article qui menait vers un site d’escortes, et un autre pour un service de devoirs. [...] Je ne pouvais pas faire semblant que ça n’existe pas.

Une citation de Jean-Hugues Roy, professeur à l'École des médias de l'UQAM
Capture d'écran montrant un article offrant des conseils aux étudiants pour réduire leur stress face aux devoirs.

Parmi les contenus de marque référés sur le site Patwhite.com, on pouvait notamment trouver un article qui faisait la promotion d'un service de rédaction à qui sous-traiter ses devoirs, Edu Birdie.

Photo : Patwhite.com

Cette pratique promotionnelle appelée backlinking, ou lien entrant, en français, profite de la crédibilité des médias pour manipuler les résultats de moteurs de recherche et, ainsi, améliorer la visibilité en ligne.

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), qui représente les travailleurs et travailleuses de l’information dans la province, a été informée de ces faits préoccupants le 8 décembre dernier, un vendredi, indique Éric-Pierre Champagne, président de la FPJQ.

J’ai demandé à ce qu’on tienne le plus rapidement possible une réunion du conseil d’administration lundi à 19 h. À 19 h 30, on a pris la décision de suspendre la carte de membre.

Une citation de Éric-Pierre Champagne, président de la FPJQ
Portrait d'Éric-Pierre Champagne.

Éric-Pierre Champagne est président de la FPJQ depuis la mi-novembre.

Photo : FPJQ/La Presse

Patrick White n’avait toutefois pas de carte de presse auprès de l’organisation, puisqu’il y était membre associé, comme le sont beaucoup de professeurs de journalisme, qui ne pratiquent pas nécessairement le métier, mais y sont étroitement reliés. Il est néanmoins soumis aux règlements de la FPJQ et à son code de déontologie, soutient son président.

Pour moi, les règles déontologiques du journalisme s’appliquent à nous. Je me considère encore journaliste, et il faut encore se considérer journaliste pour l’enseigner aux futures générations, souligne Jean-Hugues Roy.

Ce qui est particulièrement préoccupant pour Éric-Pierre Champagne, est le fait qu’il ait signé ces reportages publicitaires – certains arboraient aussi sa photo dans la signature.

La signature, c’est la plus grave des fautes ici.

Une citation de Éric-Pierre Champagne, président de la FPJQ

Quand on fait ça, on prête la crédibilité d’un auteur, d’une personne, à un contenu publicitaire. C’est contraire aux normes journalistiques, insiste le président de la FPJQ, arrivé en poste il y a quelques semaines. La gravité de l’affaire ne serait pas la même s'il n'avait pas signé les textes, ajoute-t-il.

La nature du contenu est également préoccupante, d’après lui, surtout en raison de ses fonctions de responsable de programme en journalisme, un facteur aggravant.

Patrick White dit « regretter »

Contacté par Radio-Canada, Patrick White a référé à un communiqué de presse qu’il a publié sur ses réseaux sociaux.

Je reconnais que j’ai commis une erreur en acceptant des liens commandités sur le site et je n’aurais jamais dû y associer mon nom et mon image.

Une citation de Patrick White

Ce type de contenu ou les liens associés n’avaient pas leur place sur le site et j’aurais dû porter une attention plus minutieuse sur la gestion du site, ajoute-t-il, précisant regretter son geste et en prendre l’entière responsabilité.

Il assure également que les maigres revenus qu’il recevait de ces contenus commandités servaient à maintenir son site en ligne.

Patwhite.com, dont la vocation était de faire rayonner la culture québécoise depuis près de 20 ans, a été fermé de façon définitive, a-t-il indiqué, affirmant qu’il a toujours à cœur les principes d’éthique qui guident le journalisme.

Capture d'écran du site web Patwhite.com, affichant qu'il est hors ligne.

Le site web personnel de Patrick White indiquait être « hors ligne » vendredi matin.

Photo : Patwhite.com

Ceci n’a aucunement influencé mon travail de professeur et de communicateur, de quelque façon que ce soit, insiste-t-il.

Selon le Montréal Campus, Patrick White sera en congé sans solde pour l’année 2024 pour des raisons personnelles, familiales et professionnelles. C'est Jean-Hugues Roy, qui a dirigé le baccalauréat en journalisme de 2017 à 2020, qui prend l'intérim du programme de journalisme.

L'UQAM prend très au sérieux la situation qui concerne Patrick White. Une enquête interne est en cours, a répondu par courriel en milieu d'après-midi Jenny Desrochers, directrice des relations de presse de l'UQAM.

La FPJQ compte se réunir à nouveau en début d’année pour trancher sur le sort de Patrick White au sein de l'organisation.

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