Crise des médias : les élus de La Matapédia lancent un cri du cœur

Avec les nombreuses fermetures de journaux locaux et les compressions dans les médias nationaux, l’accès à une information fiable devient de plus en plus difficile au Québec. Ces problèmes sont exacerbés dans une région comme la vallée de la Matapédia.

Le 13 décembre, les élus de la MRC de La Matapédia ont adopté une résolution qui exige une intervention immédiate de la part de Québec et d’Ottawa afin de trouver des solutions à la crise des médias.

Ils demandent également au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de créer un fonds pour financer la production de nouvelles locales et communautaires.

Le milieu parle de plus en plus de désert médiatique dans la région. Le travail de production de la seule station de radio dans La Matapédia, Rouge FM, que les gens captent à Amqui, est réalisé à l’extérieur de la région depuis le mois de septembre.

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Désert médiatique

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, soutient que ce sont essentiellement des journalistes de l’extérieur qui approvisionnent les médias de la région.

Pour la première fois de l'histoire de la radio privée de La Matapédia, il n'y a plus d'émissions produites depuis l'automne dernier, donc il n’y a pas un studio qui s'allume où des artisans locaux font de la radio. Et déjà, on avait perdu le journaliste depuis longtemps, se désole-t-il.

La Ville d'Amqui a emboîté le pas à la MRC de La Matapédia le 18 décembre en adoptant elle aussi une résolution pour interpeller les différents paliers gouvernementaux à ce sujet. Selon la mairesse Sylvie Blanchette, il est essentiel d'assurer une présence médiatique régionale.

On se fait dire que les gens ne savent plus ce qui se passe parce qu’ils n’ont plus les moyens de communication qu’ils avaient, dit-elle. Maintenant, c’est nous, les organisations, qui devons diffuser la nouvelle. Les gens nous accusent quasiment de contrôler la nouvelle, ajoute la mairesse de cette municipalité d'un peu plus de 6300 habitants.

Elle se souvient de ses débuts en politique à Amqui. Quand je suis arrivée comme conseillère à la ville, en 2017, il y avait un journaliste de L'Avant-Poste qui assistait à toutes les séances du conseil. Les gens étaient informés, se remémore-t-elle.

Émilie Boulay-Chouinard, directrice générale de la télévision communautaire de La Matapédia, agite elle aussi un drapeau rouge. Ça m'inquiète beaucoup que les médias quittent notre région. On n'entend plus parler de nous, affirme-t-elle.

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Les défis de la télévision communautaire

Mme Boulay-Chouinard affirme que désormais, seule la télévision communautaire de la Matapédia peut informer les gens sur le territoire. Mais nous sommes limités, parce qu'on est seulement diffusés sur Cogeco, précise-t-elle.

La télévision communautaire tente de couvrir un territoire très vaste. Seulement cinq municipalités sur les 18 que compte cette région captent le signal de Cogeco. Les citoyens doivent d'ailleurs être abonnés au câble ou avoir Internet pour y avoir accès.

C’est beaucoup plus difficile d’avoir de l’information véridique et véritable rapidement.

Le drame d’Amqui, en mars dernier, a fait prendre conscience de la situation médiatique locale. Les médias débarquent dans nos régions juste quand c’est catastrophique. Il ne reste que nous, mentionne Mme Boulay-Chouinard.

Il y a d’autres choses qui se passent. Des événements heureux, il faut que les gens sachent.

La communauté a peu d'espoir que son cri du cœur soit entendu. Je pense que l'avenir des médias, ça passe par une formule un peu coopérative, mais locale, très enracinée. On pourrait faire à la fois de la télévision et de la radio, conclut Pascal Bérubé.

La télévision communautaire se dit prête à relever le défi si elle reçoit le soutien financier nécessaire.

Près de 18 000 personnes vivent dans la MRC de La Matapédia.