Une journée dans la vie de la nouvelle lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Edith Dumont

Officiellement assermentée le 14 novembre dernier, la Franco-Ontarienne Edith Dumont est la quatrième femme et première francophone à occuper le poste symbolique, non partisan et non politique de lieutenante-gouverneure de l'Ontario.

Le chef d'antenne du Téléjournal Ottawa-Gatineau de Radio-Canada, Mathieu Nadon, a accompagné la représentante du roi Charles III en Ontario pendant une journée au cours de laquelle Mme Dumont a pris part à une visite d'étudiants, une cérémonie de remise de prix, des rencontres officielles et à la soirée d'ouverture du Salon du livre de Toronto.

Une journée typique, selon Edith Dumont, qui a commencé par offrir à Radio-Canada une visite de ses appartements situés dans le même édifice que l'Assemblée législative de l'Ontario, lieux où ambassadeurs, consuls et même la famille royale sont reçus.

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Sur les murs, des tableaux illustrent la diversité en Ontario, commente Mme Dumont. Tout est choisi avec intention, indique-t-elle.

Dans la salle protocolaire, que la nouvelle lieutenante-gouverneure qualifie de lieu d’accueil communautaire, les drapeaux sont d’ailleurs changés en fonction des invités.

Chaque fois qu'il y a un dignitaire ou un chef d'État, on va mettre le drapeau de son pays.

Dans son bureau, les toiles de Mme Dumont lui rappellent sa ville natale, Ottawa.

Une toile du canal Rideau est d’ailleurs affichée. La lieutenante-gouverneure confie qu’elle aime la lumière que dégagent ses toiles.

Toronto, c'est gris à partir du mois de novembre, exceptionnellement cette année, rigole-t-elle.

Son bureau compte également des œuvres d’art autochtones.

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L'un des rôles de la lieutenante-gouverneure en représentant la Couronne, c'est le lien indéfectible qu'il y a entre la Couronne et les traités des Premières Nations, rappelle-t-elle. Pour moi, c'est important d'incarner dans notre lieu des objets qui nous rappellent la proximité de la Couronne avec les Premières Nations.

Visite scolaire

Une fois le tour des lieux complété, Radio-Canada a suivi Mme Dumont lors de l’accueil d’un groupe d'élèves d’écoles secondaires de l’Ontario, en visite pendant trois jours pour en apprendre davantage sur le fonctionnement du gouvernement ontarien.

Ravie de pouvoir côtoyer la relève, Mme Dumont profite des échanges pour montrer aux jeunes l'aspect intemporel des institutions canadiennes et provinciales.

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La Couronne est un élément rassembleur, un élément de stabilité, un élément de continuité qui est au-dessus de la politique, explique Mme Dumont, qui voit d’ailleurs la visite des élèves telle une opportunité [...] de mettre l'emphase sur les valeurs qui nous réunissent comme citoyens et citoyennes.

La jeunesse a toujours été pour moi une inspiration en soi, confie la lieutenante-gouverneure.

Il faut leur faire confiance. Il faut leur dire qu'ils sont capables, il faut leur dire de rêver, glisse-t-elle avant d’entamer la visite, lors de laquelle elle répond à plusieurs questions des jeunes, dont certaines sont posées en français.

Le fait français

Edith Dumont est d’ailleurs très fière non seulement d’occuper ce poste symbolique, mais surtout d’être la première francophone à le faire.

C'est très beau comme rôle, c'est rempli de symbolisme, qui à mon avis peut donner de l'espoir aux gens, peut rassembler les communautés.

Selon Mme Dumont, sa nomination signifie que le fait d'être une minorité ne représente en rien un frein.

Je pense que ça incarne la volonté de l'Ontario de représenter et de valoriser la diversité qui est au sein de sa province, remarque-t-elle.

Tout est possible en Ontario! dit Mme Dumont en souriant. Je suis extrêmement fière d'être francophone et qu’on me demande avec confiance d'exercer le rôle de lieutenant-gouverneur.

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Le fait d’avoir l’anglais pour deuxième langue représente parfois certains défis pour Mme Dumont, qui doit communiquer dans la langue de Shakespeare quotidiennement.

Cette dernière travaille néanmoins à améliorer ses compétences. Je prends des cours d'anglais, informe-t-elle. Je comprends tout, je peux lire tout, je m'exprime quand même en anglais assez aisément.

Prix de reconnaissance

En début d’après-midi, Edith Dumont a pris part à la remise des Prix d’excellence de l’Ontario pour les personnes âgées, une occasion de reconnaître les aînés qui se sont démarqués par leur engagement dans leur communauté.

La diversité, ça s'exprime aussi en termes d'âge et, pour eux, je pense que c'est une occasion unique de leur dire "Merci de continuer d'être actif", explique la lieutenante-gouverneure, honorée de pouvoir récompenser ces Ontariens et Ontariennes.

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Il faut vivre le geste de remettre une médaille ou de remettre un certificat pour voir la joie que ça génère, raconte-t-elle. Cette joie-là, je l'ai vue chez des enfants, je l'ai vue chez des aînés. [...] Il y a beaucoup d'émotions pour eux.

Le geste, il va durer quelques secondes, mais le rayonnement est extraordinaire au sein des communautés.

Originaire du Nord de l’Ontario et récipiendaire d’un prix de reconnaissance, Pierrette Ouellette a justement été profondément touchée par le geste. C'est un honneur, un privilège, glisse-t-elle.

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Recevoir ce prix est d’autant plus significatif pour Mme Ouellette, puisqu’elle se considère, tout comme Mme Dumont, être une pionnière en quelque sorte.

On est deux premières dans le fond, parce c'est beaucoup d'être une femme francophone dans le nord de l'Ontario, dans une petite localité.

Liens communautaires

C’est justement cet aspect communautaire de son rôle qu’apprécie le plus Mme Dumont.

J'ai une carrière qui repose essentiellement sur les liens avec les communautés. Toute ma carrière en éducation, elle s'inspire d'un intérêt très profond d'être rattachée aux communautés, rappelle celle qui a travaillé plus d’une trentaine d’années dans le domaine de l’éducation et qui occupait jusqu'à tout récemment les fonctions de vice-rectrice de l’Université de l’Ontario français, à Toronto.

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Elle croit du reste que le rôle de lieutenante-gouverneure mérite d’être découvert.

C'est un de nos objectifs de créer un espace éducatif permanent ici, dans les bureaux de la lieutenante-gouverneure, pour que les gens découvrent la portée démocratique du symbole de la Couronne.

Les gens ont l'impression qu'on dépense beaucoup d'argent, et que ça ne leur apporte pas grand-chose, reconnaît Edith Dumont, qui souhaite donc faire de son mandat un passage éducatif.

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J'ai un rôle constitutionnel qui est très important, insiste Mme Dumont. Je vais assermenter [des ministres], je vais donner la sanction royale pour de nouveaux projets de loi, je vais déclarer les élections, énumère-t-elle.

Parmi ses fonctions, elle est aussi chargée de lire les discours du Trône du gouvernement. Elle pourrait également être appelée à dissoudre l’Assemblée législative et à déclencher des élections si jamais le gouvernement perdait la confiance de la Chambre.

C'est intimement lié au processus démocratique de notre pays.

Avec la fonction vient d’ailleurs le titre honorable, que porte avec fierté et humilité Mme Dumont.

Ça vient avec la fonction, alors je ne l'entends plus, confie-t-elle. C'est comme un deuxième prénom que je vais porter pendant cinq ans.

Des journées énergisantes

Plus tard dans la journée, Edith Dumont a également pris part à la soirée d'ouverture du Salon du livre de Toronto.

Ce sont des journées qui sont assez chargées, mais extrêmement énergisantes, sourit la lieutenante-gouverneure.

Je découvre jour après jour le rôle. J'apprends beaucoup.

Parfois, je vais à la rencontre de la communauté, parfois j'accueille la communauté, poursuit Mme Dumont. C'est vraiment ce qui me fascine et ce qui me plaît le plus.

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C'est une fonction qu'on exerce avec son cœur. Je sens mon cœur au rendez-vous tous les jours. Je pense que ça va nous guider dans la bonne direction, conclut Mme Dumont.

Avec les informations de Mathieu Nadon