•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Dans l’œil d’Ivanoh : la couverture de funérailles officielles

Ivanoh Demers, photojournaliste depuis plus de 20 ans, explique cette semaine comment ses confrères et lui-même doivent travailler lors de funérailles nationales ou d’État.

Des centaines de policiers en uniforme de cérémonie.

Les funérailles de la sergente Maureen Breau, de la Sûreté du Québec, à la basilique de Notre-Dame-du-Cap, à Trois-Rivières, le 13 avril 2023. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Lors de funérailles publiques, le protocole est primordial. Il faut donc connaître le déroulement d’une telle cérémonie et être prévoyant pour maximiser ses chances d’obtenir de bonnes images.

La sergente de la Sûreté du Québec Maureen Breau a perdu la vie dans l’exercice de ses fonctions le 27 mars 2023 alors qu’elle tentait de procéder à une arrestation à Louiseville, en Mauricie.

Des milliers de policiers et de citoyens sont allés lui rendre un dernier hommage le 13 avril suivant. Ils ont accompagné le cortège funèbre dans les rues de Trois-Rivières en marchant dans un silence absolu.

C'est le genre de scène où l'émotion est toujours à son comble. Il s'agit de bien observer les participants et les spectateurs et de distinguer des gens qui peuvent bien illustrer ce moment.

Des agents de la Sûreté du Québec portent un cercueil.

Les funérailles de la sergente Maureen Breau, policière de la Sûreté du Québec, le 13 avril 2023. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Après avoir pris connaissance de l'itinéraire prévu pour la procession funéraire, il est important de choisir un bon endroit où s’installer, car la cérémonie est réglée au quart de tour. Un détail important : il est parfois même interdit de traverser la rue. C’est un facteur à retenir, car il faudra se rendre rapidement devant l'église. Et la foule dense qui sera sans doute sur place risque aussi de rendre les déplacements difficiles. À prévoir.

Compte tenu du grand nombre de personnalités publiques présentes, les mesures de sécurité sont très strictes. Pour un photographe professionnel, il faut être accrédité, c’est-à-dire avoir obtenu au préalable l’autorisation d’être présent et de prendre des photos. Cela facilite beaucoup la vie pour se déplacer dans les zones accessibles uniquement aux représentants des médias.

Protocole oblige, très peu de photographes sont accrédités à l'intérieur de l'église, histoire de respecter la famille et de favoriser l'intimité. C’est normal.

Cet accès est généralement accordé à une agence de presse qui transmet par la suite ses photos à tous les médias.

Lucien Bouchard regarde vers le haut.

L’ex-premier ministre du Québec Lucien Bouchard lors des funérailles nationales de Louis Laberge, à Montréal, le 2 juillet 2002. (Photo d'archives)

Photo : La Presse / Ivanoh Demers

Au cours de ma carrière, je n'ai pu entrer dans l’église qu’une seule fois lors de funérailles officielles. C'était lors de celles de l’ex-leader syndical Louis Laberge.

Le gouvernement du Québec lui avait rendu hommage en organisant des obsèques nationales à la basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde, à Montréal, le 25 juillet 2002.

Les ex-premiers ministres du Québec Lucien Bouchard et Jacques Parizeau étaient sur place. Lors d'un bref instant de recueillement, M. Bouchard, la main sur le bras, a regardé vers le ciel.

J'avais mon moment.

Le secret le mieux gardé des photographes : on doit se présenter le plus tôt possible pour négocier l'emplacement de son escabeau. Cette démarche accroît les chances de réussite.

Avoir un point de vue bien centré vis-à-vis du centre de l'église est primordial. Comme le cercueil sera au centre des escaliers, l’image sera parfaitement équilibrée. Être au-dessus de la foule permet d'avoir une vue bien dégagée à l'arrivée du cortège.

Des porteurs font entrer dans l'église un cercueil recouvert d'un drapeau du Canadien de Montréal.

Les funérailles nationales de l'ancienne étoile du hockey Guy Lafleur à la basilique-cathédrale Marie-Reine-du Monde, à Montréal, le 3 mai 2022. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / IVANOH DEMERS

L'arrivée du cercueil de Guy Lafleur recouvert du drapeau des Canadiens de Montréal a été le premier moment fort de cette triste journée du 3 mai 2022.

Lorsque la cérémonie a débuté, comme je n’avais pas accès à l’intérieur de l’église, c’était le temps pour moi d’envoyer un premier lot d’images. Je souligne ici que les clichés pris au moment de l’entrée des gens dans l'église sont fréquemment moins intéressants parce qu’on y voit surtout des gens de dos.

Les images les plus fortes sont presque toujours prises à la fin de la cérémonie. La femme de Guy Lafleur, Lise, avait été chaudement applaudie par les gens présents. Émue, elle a en retour salué la foule à plusieurs reprises, un moment qui restera gravé dans ma mémoire.

Lise Lafleur lève la main.

Lise Lafleur lors des funérailles nationales de son mari Guy Lafleur à la basilique-cathédrale Marie-Reine-du Monde, à Montréal, le 3 mai 2022. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Puisque j’étais de l'autre côté de la rue, un puissant téléobjectif était de mise. J’ai utilisé une longueur focale de 600 mm. Par ailleurs, je désactive toujours le son de l’obturateur sur mes appareils photo (un son artificiel depuis que les appareils sont numériques) : je préfère être le plus discret possible afin de ne pas importuner les gens endeuillés.

Lors des obsèques de l’ex-maire de Montréal Jean Doré, j'avais privilégié un objectif à grand angle pour montrer la foule et le décorum qui régnait sur place. Une photo de la foule présente est toujours nécessaire pour donner une idée de l’ampleur de l’événement.

Cependant, pour ce genre de cérémonie, je suggère de revenir rapidement à un objectif à longue focale. Il permet de mieux capter l’émotion sur les visages sur des plans plus serrés.

Des porteurs sortent un cercueil de l'hôtel de ville.

Les funérailles de l’ex-maire de Montréal Jean Doré. Photo prise à l'hôtel de ville de Montréal le 22 juin 2015. (Photo d'archives)

Photo : La Presse / Ivanoh Demers

Mon clin d'œil de la semaine

Je serai aux funérailles d'État de l’ancien premier ministre Brian Mulroney la semaine prochaine.

Dans ma carrière, j’ai couvert de nombreuses cérémonies funéraires. Le défi consiste toujours à documenter adéquatement ces journées historiques.

Plan rapproché, de profil, de Brian Mulroney.

Les funérailles d'État de Brian Mulroney, ex-premier ministre du Canada, auront lieu le 23 mars prochain à Montréal. (Photo d'archives)

Photo : La Presse / Ivanoh Demers

Avec un nombre élevé de personnalités sur place, je prévois réaliser entre 3000 et 5000 photographies lors de cette journée.

Je me prépare toujours sensiblement de la même manière : je serai tôt sur place avec mon escabeau, des vêtements adéquats en fonction du temps annoncé, des barres tendres, mon équipement photo et quelques mouchoirs, car l’émotion sera sans doute encore une fois palpable.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Radio-Canada et moi

Une infolettre qui vous ressemble, remplie de découvertes et de sujets choisis selon vos champs d’intérêt.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Radio-Canada et moi.