•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Un an plus tard, le combat pour la libération d’Evan Gershkovich se poursuit

Evan Gershkovich est debout dans une prison de verre alors que des photographes le prennent en photo.

Le journaliste du « Wall Street Journal » Evan Gershkovich se tient dans une enceinte réservée aux accusés avant une audience du tribunal pour examiner un appel contre sa détention provisoire pour espionnage à Moscou, Russie, le 10 octobre 2023.

Photo : Reuters / Evgenia Novozhenina

Le journaliste du Wall Street Journal (WSJ) Evan Gershkovich est emprisonné en Russie depuis maintenant un an. Les autorités russes l’accusent d’espionnage, ce que démentent le principal intéressé, le journal, le gouvernement américain ainsi que ses proches, qui promettent de poursuivre la lutte pour sa libération.

Evan Gershkovich a été arrêté en mars 2023 alors qu’il était en poste dans la ville d'Ekaterinbourg, dans l'Oural, pour décrire un pays réorganisé autour de la guerre qu’il mène en Ukraine. Il était l’un des journalistes étrangers qui ont choisi de demeurer en Russie après le début des hostilités et le durcissement de la répression par le régime de Vladimir Poutine.

Au moment de son arrestation, il semblait plancher sur des sujets délicats selon l'Agence France-Presse : l'industrie de l'armement russe et le groupe paramilitaire Wagner. Il avait rejoint les rangs du WSJ en 2022, quelques semaines avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Depuis, il est resté derrière les barreaux en attendant son procès, déjà reporté à plusieurs reprises. Mardi, la justice russe a de nouveau prolongé son placement en détention provisoire, jusqu'au 30 juin, dans l'attente d'un possible procès ou d'un échange de prisonniers entre Moscou et Washington.

S’il est reconnu coupable d’espionnage, il encourt 20 ans derrière les barreaux. La Russie n'a jamais présenté de preuves publiquement et l'ensemble de la procédure a été classée secrète.

Accompagné par un homme encagoulé et des policiers, Evan Gershkovich est amené au tribunal.

Le journaliste américain du « Wall Street Journal » Evan Gershkovich a été arrêté fin mars 2023 en Russie pour espionnage, une accusation rejetée par sa défense.

Photo : Getty Images / Alexander Nemenov

Guerre en Ukraine

Consulter le dossier complet

Un véhicule blindé est en feu, un corps gît dans la rue.

Vers un échange de prisonniers

La patronne du WSJ, Emma Tucker, a bon espoir que son journaliste ne célébrera pas une seconde année dans la prison moscovite Lefortovo. En entrevue avec CNN, Mme Tucker affirme qu’elle croit qu’il y a suffisamment de pièces en place ainsi qu’assez de bonne volonté pour que son souhait devienne réalité.

Mon attente et mon espoir sincère sont qu'à la même époque l'année prochaine, il ne soit pas emprisonné en Russie.

Une citation de Emma Tucker, rédactrice en chef du « Wall Street Journal », en entrevue avec CNN
Emma Tucker, rédactrice en chef du « Wall Street Journal », est assise et porte un macaron « Libérez Evan » en référence à la détention du journaliste du WSJ Evan Gershkovich en Russie.

Emma Tucker, rédactrice en chef du « Wall Street Journal »

Photo : Associated Press / Mary Altaffer

Elle ne se fait toutefois pas d’illusions : les États-Unis ont ici affaire à un régime russe imprévisible, ce qui limite la possibilité d'établir un échéancier précis menant à la libération du journaliste. Et le correspondant trentenaire du WSJ est détenu dans un dossier d'une gravité inédite pour un journaliste étranger depuis l’effondrement de l'URSS.

Washington estime qu'Evan Gershkovich est injustement détenu et accuse Moscou d'arrêter des citoyens américains sous de fausses accusations. Ces prisonniers servent ensuite de monnaie d’échange afin de libérer des Russes emprisonnés à l'étranger.

Vladimir Poutine ne s’en cache pas : il a laissé entendre dans une entrevue au commentateur américain d’extrême droite Tucker Carlson qu’il souhaitait en échange la libération de Vadim Krasikov, un tueur à gages russe et colonel du FSB (les services secrets russes), détenu en Allemagne.

Jeudi, le Kremlin a rapporté avoir des contacts en vue d’un potentiel échange de prisonniers qui permettrait à Gershkovich de rentrer à la maison.

Une illustration du journaliste d'Evan Gershkovich affiché dans les bureaux du « Wall Street Journal ».

Une illustration du journaliste du « Wall Street Journal » Evan Gershkovich, arrêté pour espionnage en Russie, est exposée lors de la conférence WSJ Tech Live à Laguna Beach, en Californie, le 16 octobre 2023.

Photo : AFP / PATRICK T. FALLON

Mobilisation du WSJ

Le célèbre quotidien new-yorkais a accentué la pression cette semaine, à l’occasion du premier anniversaire de l’emprisonnement de son employé, en multipliant les actions symboliques : événements sportifs (comme Swim for Evan, Nager pour Evan), un marathon de lecture et une campagne médiatique portée par le mot-clic #IStandWithEvan.

Son coup d’éclat : la publication d’une une blanche, vendredi, où aurait dû se trouver le travail de son journaliste emprisonné. Une année volée : son histoire devrait être ici. Un an dans une prison russe. Un an d’histoires volées, de joies volées, de souvenirs volés. Le crime : le journalisme, peut-on lire au-dessus d’un énorme espace vierge.

Les autres textes qui l’accompagnent portent tous sur la répression du journalisme dans les régimes autocratiques, sur la défense de la liberté de presse ainsi que sur l’histoire de Gershkovich.

Ce que les gens peuvent faire, c'est garder Evan à l'esprit, car cela maintient la pression sur les gouvernements concernés, car c'est une situation complètement scandaleuse et qui doit être résolue, a confié Emma Tucker à CNN.

La résilience comme acte de résistance

Bien qu’elle doute que quiconque après un an dans une prison de Moscou conçue pour détenir des prisonniers politiques soit dans un très bon état d'esprit, la rédactrice en chef du WSJ a déclaré à CNN que Gershkovich restait résilient et positif.

Selon elle, il se présente sous la lentille des caméras en gardant le sourire pour protéger ses parents, puisqu’il sait que c'est une épreuve terrible pour eux.

Des propos qui semblent faire écho aux confidences qu’ont faites les membres de sa famille à un journaliste de l’Agence France-Presse lors d’un entretien en février dernier. Le voir menotté, c'était dur à vivre, a indiqué sa mère Ella Milman. Sa sœur Danielle a, elle, assuré qu'il était innocent.

Ella Milman, mère du journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich, et l'avocate Tatyana Nozhkina quittent le tribunal.

Ella Milman, la mère du journaliste Evan Gershkovich

Photo : Reuters / EVGENIA NOVOZHENINA

C'est une prison de l'époque stalinienne. C'est la seule prison relevant du FSB et elle est essentiellement conçue pour vous isoler et vous briser, a déclaré à The Guardian la mère du journaliste, Ella Milman.

The Guardian raconte que Gershkovich passe ses journées dans une cellule de 3 mètres sur 4 mètres qu'il partage avec un autre prisonnier. On y trouve deux lits à structure en acier, des toilettes, un lavabo et une télévision. Il aurait droit à une heure par jour dans une petite cour couverte.

Lors de cet anniversaire qu’ils auraient souhaité éviter, ses proches ont assuré qu’ils continueraient à se battre pour sa libération.

Nous n'avons jamais envisagé qu'une telle situation arrive à notre fils et frère, et encore moins de passer une année entière dans l'incertitude, a déclaré sa famille dans une lettre aux lecteurs du WSJ, [mais] malgré cette longue bataille, nous restons forts.

Nous l'avons vu faire face, la tête haute, car il est innocent. Nous continuerons à nous battre pour la liberté d'Evan, quoi qu'il en coûte.

Une citation de La famille d’Evan Gershkovich, dans une lettre publiée par le « Wall Street Journal »

Le président américain Joe Biden leur a promis de faire tout ce qu'il faut pour ramener leur proche au pays.

Evan Gershkovich est né de parents juifs soviétiques qui ont fui l’Union soviétique à la fin des années 1970 et l’ont élevé, depuis le New Jersey, en lui transmettant leurs racines. Ce diplômé d’anglais et de philosophie a décidé de faire le chemin contraire et de retourner en Russie pour raconter à ses compatriotes américains ce qui se passait de l’autre côté du monde.

Il s'illustre aussi sur les réseaux sociaux par son humour grinçant que la prison n'a pas su tarir.

Dans une lettre adressée à ses parents, il a taquiné sa mère en évoquant le gruau russe qu'elle lui préparait lorsqu'il était enfant, un plat bourratif et peu coûteux servi dans les foyers comme dans les cellules du pays, qui l’a préparé pour le meilleur ou pour le pire à la prison, selon un reportage de l'AFP.

Avec les informations de CNN, de The Guardian et de l’Agence France-Presse

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.