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Procès de Donald Trump : les procureurs creusent la piste des documents financiers

Le juge Juan Merchan et Donald Trump regarde Jeffrey McConney, qui est interrogé par un procureur, sur un dessin réalisé en cour.

Jeffrey McConney, l'ancien contrôleur de la Trump Organization, a témoigné au procès criminel de l'ancien président Donald Trump, le 6 mai 2024.

Photo : Reuters / Jane Rosenberg

Après des témoignages ayant mis en lumière des scandales sexuels à enterrer ou à démentir, les procureurs ont poursuivi leurs interrogatoires, lundi, au procès de Donald Trump à New York, avec celui, plus sobre, d'un ancien cadre du service de la comptabilité de la Trump Organization.

Plus aride, le témoignage de Jeffrey McConney, ancien contrôleur de l'entreprise du magnat de l'immobilier, oriente le procès criminel au cœur des accusations de falsification de documents portées contre le politicien de 77 ans.

Au cours d'une comparution d'environ trois heures, M. McConney a expliqué comment la Trump Organization et Donald Trump lui-même avaient versé à l'ex-avocat personnel de ce dernier, Michael Cohen, un paiement total de 420 000 $ US, qui incluait un remboursement de 130 000 $ US.

Celui qui était le numéro deux au service de la comptabilité a indiqué qu'en janvier 2017 (le mois de l'investiture de Donald Trump), son supérieur de l'époque, Allen Weisselberg, l'ex-directeur financier de la Trump Organization, lui avait ordonné de rembourser Michael.

Les procureurs allèguent, documents à l'appui, que ce remboursement concerne essentiellement le paiement fait en octobre 2016 par M. Cohen à Stormy Daniels, une ancienne vedette de la porno qui affirme avoir couché avec Donald Trump.

Donald Trump face à la justice

Consulter le dossier complet

Dessin de Donald Trump lors de sa comparution.

Pour étayer son explication, les procureurs ont amené M. McConney à expliquer des annotations manuscrites sur un relevé bancaire de la société-écran Essential Consultants LLC, créée par Michael Cohen, émis par la banque First Republic.

La semaine dernière, les procureurs ont présenté un document prouvant qu'un montant de 130 000 $ US versé à l'avocat de Stormy Daniels avait transité par ce compte et ont entendu des témoins à ce sujet.

M. McConney a identifié l'écriture sur le relevé bancaire comme étant celle d'Allen Weisselberg.

Les notes montrent une série de calculs établis à partir de la somme de 130 000 $ US et d'une autre de 50 000 $ US versée par Michael Cohen pour d'autres raisons sans lien avec cette affaire.

Ce montant, qui a officiellement été présenté comme des honoraires, a ensuite été doublé par M. Weisselberg pour atteindre 360 000 $ US, afin de tenir compte des impôts qui seraient payés par Michael Cohen, a indiqué M. McConney.

Une prime annuelle de 60 000 $ US a ensuite été ajoutée à ce montant, portant à 420 000 $ US la somme à verser à Michael Cohen.

Nous avons tout additionné et nous sommes arrivés au montant que nous voulions lui payer.

Une citation de Jeffrey McConney, ancien contrôleur de la Trump Organization

Avez-vous connaissance d'un autre cas où un remboursement a été doublé pour tenir compte des impôts? a demandé le procureur Matthew Colangelo. Non, a répondu M. McConney.

Cette 12e journée de procès s'est par ailleurs amorcée avec une décision du juge Juan Merchan, qui a de nouveau trouvé Donald Trump coupable d'outrage au tribunal pour avoir violé une ordonnance de bâillon.

Des paiements mensuels officiellement pour des « frais juridiques »

Donald Trump lève le bras en regardant les caméras.

L'ancien président Donald Trump, à son retour au tribunal pour son procès criminel à New York, le 6 mai 2024.

Photo : via reuters / Julia Nikhinson

Dans cette affaire, l'ancien président américain est accusé d'avoir falsifié des documents financiers de façon à camoufler les vraies raisons du paiement fait à Michael Cohen – soit, selon les procureurs, le rembourser pour les 130 000 $ US versés à Stormy Daniels – et dissimuler ainsi un « plan criminel pour corrompre l’élection de 2016 ».

En vertu de la loi new-yorkaise, lorsque des documents sont falsifiés dans le but de couvrir d’autres crimes, comme ce que soutiennent les procureurs dans ce dossier, l'infraction à la loi est considérée comme plus grave et est passible d'une peine plus sévère. Ils doivent donc convaincre les jurés des deux assertions.

Jusqu'ici, la démonstration des procureurs s'était davantage attardée aux autres crimes allégués, essentiellement à la présumée conspiration qu'aurait échafaudée Donald Trump pour remporter illégalement l'élection, entre autres en réduisant au silence de présumées maîtresses.

Pour la première fois depuis le début de la procédure, leur argumentaire s'est orienté vers la présumée falsification de documents; les 34 chefs d’accusation concernent plus spécifiquement 11 factures, 12 entrées de registres comptables et 11 chèques.

La somme de 420 000 $ US a été découpée en une série de 12 paiements mensuels de 35 000 $ US, pour lesquels Michael Cohen devait au préalable présenter chaque mois une facture, a spécifié M. McConney.

Facture après facture – chacune a été montrée au jury –, les sommes réclamées étaient officiellement présentées comme des dépenses juridiques découlant d'un mandat de représentation en justice, autrement dit comme des honoraires.

M. McConney a cependant indiqué qu'il n'avait jamais vu de contrat d'honoraires au nom de Michael Cohen à ce sujet et qu'il n'avait pas transmis les factures au service juridique, contrairement à la pratique habituelle de l'entreprise.

M. Cohen a soumis au total 11 factures mensuelles, de février à décembre 2017, à la Trump Organization.

Le New York Times a relevé que Michael Cohen ne travaillait plus pour la Trump Organization au moment où il a présenté les factures en question.

Des chèques signés par Trump lui-même

Jeffrey McConney a dit avoir demandé à une employée de son service, qui a témoigné après lui, d'identifier les paiements faits à Michael Cohen comme des frais juridiques associés à un mandat de représentation en justice.

Selon son témoignage et les preuves présentées, les deux premiers chèques ont été faits par la Donald J. Trump Revocable Trust, une fiducie créée pour gérer son entreprise pendant sa présidence et contrôlée par les fils aînés de l'homme d'affaires.

Après réception de la première facture, a soutenu M. McConney, Allen Weisselberg a donné par courriel le feu vert au paiement, avec l'accord de Don et d'Eric.

Les neuf chèques subséquents ont été signés par Donald Trump, alors président, à partir de son compte personnel, a poursuivi M. McConney.

Appelée à la barre en après-midi, une autre ancienne employée du service de la comptabilité, Deborah Tarasoff, a pris le relais là où s'arrêtait le récit de M. McConney.

Par son entremise, les procureurs ont notamment présenté aux jurés les 11 chèques préparés par la Trump Organization, dont 9 portaient la signature emblématique de Donald Trump au feutre noir.

Un chèque de 35 000 $ US adressé à Michael Cohen et signé par Donald Trump.

Les procureurs ont interrogé Jeffrey McConney sur tous les paiements mensuels de 35 000 $ US versés à Michael Cohen, dont celui versé en août 2017 et signé par Donald Trump.

Photo : Getty Images / Chip Somodevilla

Pas d'ordre direct

Lors du contre-interrogatoire mené par la défense, M. McConney a indiqué qu'il n'avait pas reçu d'ordre direct de Donald Trump au sujet de ces paiements ou même abordé la question avec lui.

Allen Weisselberg ne lui a pas davantage confié que les ordres émanaient du grand patron, a-t-il témoigné.

Cette démonstration va au cœur de l'argumentaire des avocats de Donald Trump : leur client n'était pas au courant des agissements de Michael Cohen.

Au début de la comparution de M. McConney, les procureurs ont cependant évoqué un épisode ayant vraisemblablement pour objectif de démontrer la surveillance qu'exerçait Donald Trump sur les finances de son organisation.

En 1988, un an après s'être joint à l'entreprise, M. McConney s'est fait reprocher par Donald Trump la diminution des soldes de trésorerie par rapport à la semaine précédente. Tu es viré, s'est-il fait dire.

Ce n'est pas arrivé, a-t-il poursuivi, mais il a déclaré avoir alors compris à quel point M. Trump portait une attention soutenue aux sorties d'argent.

Les procureurs ne pourront pas compter sur le témoignage de l'ex-directeur financier de la Trump Organization, qui reste loyal à son ancien patron, pour tracer une ligne directe entre Donald Trump et l'ordre présumé de falsifier des documents liés au remboursement fait à Michael Cohen.

Allen Weisselberg a purgé une peine de prison l'an dernier pour son rôle dans les fraudes fiscales dont la Trump Organization a été reconnue coupable.

Il purge une deuxième peine pour s'être parjuré au cours d'une poursuite civile intentée contre Donald Trump.

Avec les informations de New York Times, Washington Post et CNN

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