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« J’ai tué quatre personnes », a reconnu Jeremy Skibicki lors de son interrogatoire

Jeremy Skibicki assis en silence le cinquième jour de son procès, le 6 mai 2024.

Une procureure de la Couronne croit que Jeremy Skibicki aurait agi de manière préméditée en ciblant des femmes autochtones vulnérables.

Photo : James Culleton

Jeremy Skibicki a admis ses meurtres à la police lors de son interrogatoire en mai 2022. Alors soupçonné du meurtre de Rebecca Contois, il a livré ces aveux à deux enquêteurs dans le cadre d’un long entretien dont une partie de l’enregistrement a été présentée au tribunal mercredi.

AVERTISSEMENT : Cette histoire contient des détails troublants.

On y voit les enquêteurs confronter le tueur en série à divers éléments de preuve – des empreintes de chaussures, notamment, et des images de caméras de surveillance – le plaçant à proximité des bennes à ordures où ont été trouvés les restes de sa quatrième victime.

Jeremy Skibicki change de ton. Jusqu'alors hésitant, il reconnaît avoir plus d'informations et demande la présence d’un prêtre orthodoxe pour confesser [ses] péchés. Questionné plus tard par un des enquêteurs, il sera incapable de nommer une église orthodoxe de Winnipeg, ajoutant qu’il n’en fréquente aucune.

J’ai tué quatre personnes.

Une citation de Jeremy Skibicki

À ce stade, je tiens à dire que vous avez fait du très bon travail, déclare M. Skibicki aux enquêteurs dans la vidéo. Vous n'êtes manifestement pas stupides. Je voulais voir jusqu'où je pouvais aller, vous savez, parce que le système de justice pénale est une vraie blague, précise-t-il.

Jeremy Skibicki.

Une photo de Jeremy Skibicki présentée à la Cour du Banc du Roi du Manitoba lors de son procès.

Photo : Pièce judiciaire, Cour du Banc du Roi du Manitoba

Il admettra avoir tué quatre personnes, détaillant au fil des heures suivantes, comment il avait ciblé et tué ses victimes, avant de se débarrasser de leurs corps.

Le monde dans lequel nous vivons est malade. J'ai été poussé à faire des choses comme ça parce que j'étais tellement épuisé émotionnellement.

L’accusé explique éventuellement ses gestes par la volonté divine ainsi que par son souhait de protéger la race blanche. Il précisera toutefois qu’il s’agissait de sa décision et non celle de Dieu.

La mère et des membres de la famille de Mme Contois ont quitté la salle d'audience pendant la diffusion de cette vidéo, tandis que la grand-mère de Marcedes Myran, une autre des victimes, est restée assise en pleurant, se tenant la tête entre les mains et fermant parfois les yeux.

Exposé des faits et des positions

Le tribunal a appris par un exposé conjoint des faits que l'ADN des trois femmes identifiées a été trouvé sur divers objets à l'intérieur et à l'extérieur de l'appartement de M. Skibicki. Il y est fait notamment mention d’un oreiller taché de sang, d’un mégot de cigarette, d’un couteau de combat et d’un soutien-gorge.

La Cour a également entendu l'enregistrement d'un appel placé au 911 par l’homme qui a trouvé les restes partiels de Rebecca Contois en fouillant des bennes à ordures à la recherche de cuivre et de vêtements à récupérer.

C’est cet appel qui mènera à l’arrestation de Jeremy Skibicki quelques jours plus tard ainsi qu’à la découverte d'autres restes humains lors d’une fouille à la décharge municipale du chemin Brady en juin 2022.

Les restes de deux autres victimes se trouveraient dans une autre décharge, tandis que l'emplacement de la quatrième femme reste inconnu.

Les deux partis adverses s’entendant sur les faits, l’affaire se joue donc sur une seule question : quel était l’état mental de Jeremy Skibicki au moment de commettre ses crimes ?

La défense commence à peindre le portrait d’un homme troublé mentalement et plaide la non-responsabilité criminelle.

La Couronne, pour sa part, soutient que Jeremy Skibicki avait mis au point un plan calculé et qu'il avait soigneusement réfléchi au sort qu’il réservait à ses victimes.

Cette affaire traite d’un homme qui a perpétré des actes haineux et cruels envers quatre femmes autochtones vulnérables, dit la procureure de la Couronne, Renee Lagimodiere.

Il s'en prenait à ces femmes dans les refuges de Winnipeg et les invitait chez lui, où il les agressait, souvent sexuellement, et les tuait. Il s'est livré à des actes sexuels ignobles sur leur corps, et s'est ensuite débarrassé d’elles comme s'il s'agissait de déchets, ajoute-t-elle.

La Couronne s'attend à ce que les preuves montrent que Jeremy Skibicki, animé par la haine, a soigneusement calculé et réfléchi à la manière de tuer les victimes, avant de mettre son plan à exécution. Ses actes étaient intentionnels et motivés par l’origine ethnique, a-t-elle soutenu, alors que la grand-mère de l'une des victimes était assise dans la salle d'audience, le visage entre les mains.

Une défense défiante

Par l’entremise de ses avocats, Jeremy Skibicki a admis avoir commis les quatre meurtres dont il est accusé. La défense plaide toutefois que l'accusé soit déclaré non criminellement responsable en raison de troubles mentaux.

Le professeur de droit à l’Université du Manitoba, Brandon Trask, estime qu'une telle défense présente de multiples défis pour les avocats de M. Skibicki.

Il ne s'agit pas d'un cas où il y a une seule victime, un seul moment dans le temps. Il s'agit d'une situation impliquant quatre victimes sur une période probablement plus longue, explique-t-il.

Selon M. Trask, une fois que la maladie mentale a été établie, il s'agit pour la défense de démontrer que le diagnostic de M. Skibicki le rendait incapable de discernement moral au moment des faits.

Cela va être très difficile pour la défense, très complexe et très technique.

Une citation de Brandon Trask, professeur de droit à l’Université du Manitoba

Les deux parties ont indiqué à la cour qu'elles envisagent de recourir à des experts pour témoigner de l'état mental de l'accusé.

Dans le cas de M. Skibicki, M. Trask explique qu'il n’est pas nécessaire de fournir une preuve hors de tout doute raisonnable.

La mesure utilisée pour conclure à la non-responsabilité criminelle est que l'accusé n'a probablement pas compris que ce qu'il faisait était mal, dans une proportion de 50 % plus un.

M. Trask estime qu'il appartiendra aux procureurs de la Couronne de trouver des failles dans les arguments de la défense.

Pour obtenir de l’aide :

  • La ligne d’urgence nationale pour les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est accessible sans frais, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au 1 844 413-6649, pour soutenir toute personne qui a besoin de soutien émotionnel.

Avec les informations de La Presse canadienne et de Caitlyn Gowriluk

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