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Judith Jasmin, pionnière du journalisme au Québec

Photo en noir et blanc d'une jeune femme.
Judith Jasmin en 1959PHOTO : Radio-Canada / Henri Paul
Publié le 15 mai 2019

« Les faits, d'abord les faits », a affirmé en somme Judith Jasmin au sujet de l'objectivité journalistique. Cette rigueur a contribué à faire d'elle un modèle non seulement pour les femmes, mais aussi pour l'ensemble des gens de la profession. Née en 1916, fauchée par le cancer en 1972 à 56 ans, Judith Jasmin a marqué toute une génération d'auditeurs et de téléspectateurs dans les années 1950 et 1960 grâce à ses entrevues, mais aussi à ses reportages réalisés aux quatre coins du globe et toujours empreints d'une certaine humanité. Frank Desoer trace le parcours de cette grande journaliste avec Marilou Tanguay, doctorante en histoire et collaboratrice à la revue HistoireEngagée.

Judith Jasmin vient d’une famille avant-gardiste de Québec. Son père, le notaire Amédée Jasmin, était un progressiste anticlérical impliqué dans les luttes socialistes de l’époque. La famille vit en France de 1921 à 1929, ce qui la marque.

La future journaliste cherche sa voie pendant un certain temps. Elle se prédestine d’abord à la chimie, mais en raison de la crise économique, son père l’incite à étudier dans les milieux du théâtre, des lettres et du journalisme, des domaines d’études moins onéreux. Elle fait d'abord ses marques au théâtre et, en 1938, un rôle fait d’elle une vedette, celui d’Élise Velder dans La pension Velder, un radioroman très populaire de Robert Choquette.

Dans un studio de radio et texte en main, la comédienne Judith Jasmin.

Judith Jasmin, comédienne dans « La pension Velder » en 1940

Radio-Canada / Henri Paul

Mais le théâtre ne représente pas une vocation pour Judith Jasmin. En 1947, elle est embauchée au Service international de Radio-Canada, où elle rencontre un jeune journaliste de 24 ans peu connu : René Lévesque. Leur relation professionnelle et amoureuse est marquante pour les deux.

Judith Jasmin devient la première grande reporter au Canada, ce qui l’amène partout : aux États-Unis, au Moyen-Orient, en Haïti et en Inde, notamment.

« Elle présente vraiment les réalités d’un pays encore très méconnu pour les Québécois et Québécoises. On n’a pas accès à cette réalité facilement. […] On commence à avoir la télévision en 1952 et 1953. »

— Une citation de  Marilou Tanguay

L’un de ses reportages marquants est diffusé en décembre 1959 à l’émission Premier plan. Il est tourné en Haïti, alors sous la dictature de François Duvalier depuis deux ans. Elle n’hésite pas à se promener dans les rues de Port-au-Prince pour s’adresser aux gens de la rue.

Elle se rend ensuite en Espagne, à Cuba, en Algérie et aux États-Unis. Elle va aussi à la rencontre des Autochtones, dont les Innus du Québec, ce qui est innovateur à l’époque.

Judith Jasmin est aussi renommée pour les entrevues qu’elle réalise avec de grands artistes comme Salvador Dali, Orson Welles, Eugène Ionesco et Hergé.

Engagée socialement

Cette grande dame du journalisme est également une citoyenne engagée qui a mené plusieurs combats durant sa vie. À titre personnel, elle s’implique dans le Mouvement laïc de la langue française (MLF) de 1961 à 1969 et dans d’autres luttes de l’époque, comme les droits des femmes et le droit à l’avortement.

Photo en noir et blanc d'une femme assise sur le plateau d'une émission de télévision intitulé Format 60 et qui regarde une caméra de télévision.

Judith Jasmin sur le plateau de l'émission « Format 60 » en 1971

Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty

Autre exemple : en 1964, Judith Jasmin est emprisonnée une trentaine d’heures aux États-Unis pour avoir participé à une manifestation contre la ségrégation raciale.

Par-dessus tout, Judith Jasmin croyait à la mission éducative du journalisme et faisait confiance à l’intelligence des auditeurs. Son influence sur l’ensemble de la profession journalistique est incontestable. Gérard Pelletier a même affirmé qu’elle avait influencé René Lévesque.

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